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Histoire

La Renaissance et la Transformation du Kilim : Une Perspective d’Expert

La Renaissance et la Transformation du Kilim : Une Perspective d’Expert
11/10/2023

Au cours de mes années en tant qu’expert agréé spécialisé en art nomade & tribal, kilims d’Anatolie anciens & tapis d’Orient, j’ai constaté et analysé la transformation monumentale du kilim. Le voyage de ce tapis, depuis les mains dévouées des artisans nomades jusqu’aux usines modernes, est un récit d’adaptation, d’innovation, et parfois, de déception.

Le Vrai Kilim : Une Tradition Ancestrale

La fabrication manuelle des authentiques kilims par les nomades s’est poursuivie jusqu’à la fin du 19ème siècle. Toutefois, l’introduction des couleurs synthétiques en 1860, suivie par la révolution industrielle post-Seconde Guerre mondiale, a profondément impacté cet artisanat ancestral. La douceur et la nuance des colorants naturels ont été remplacées par des teintes synthétiques, et la laine filée à la main a cédé la place à des alternatives industrielles.

L’Engouement Occidental pour le Kilim

C’est dans les années 1950 que l’Occident a redécouvert les kilims d’Anatolie, grâce à des collectionneurs passionnés et des amateurs d’art. Les conférences et expositions qui ont suivi, notamment celle de 1984 à Istanbul, ont contribué à établir le kilim comme un incontournable en matière de décoration intérieure en Occident. La beauté captivante de ses motifs, ainsi que la chaleur de ses couleurs, ont séduit de nombreux amateurs d’art et collectionneurs.

Mais cette popularité a eu un coût. En moins d’une décennie, les kilims anciens ont quitté les maisons des nomades et les mosquées, devenant rares et recherchés.

La Transformation du Kilim : Répondre à une Demande Croissante

Face à cette demande insatiable, les villages autrefois nomades ont été transformés en centres de production à grande échelle. À partir des années 1987, sous l’influence des industriels, ces villages ont commencé à produire des « kilims-tapis », souvent à moindre coût.

Bien que visuellement similaires à leurs prédécesseurs, ces nouveaux kilims manquent cruellement de l’authenticité et de la qualité intrinsèque des originaux. Les techniques modernes, telles que le « bain de soleil » et le « lavage chimique », ont été utilisées pour imiter l’apparence des kilims anciens, masquant leur nature industrielle.

Un Art Compromis ?

Aujourd’hui, le marché est inondé de kilims adaptés aux goûts occidentaux. Il n’est pas rare de voir des kilims mélangeant des motifs d’origines diverses, perdant ainsi leur identité tribale. Les dimensions ont également été modifiées pour répondre aux besoins des intérieurs modernes.

Cette adaptation, bien que nécessaire pour certains, a parfois mené à des compromis sur l’intégrité de ces œuvres.

Comme l’a si bien dit André Gide :

« L’art naît de contrainte, vit de lutte et meurt de liberté ».

André Gide

En tant qu’expert passionné, je reste dévoué à préserver l’authenticité et l’héritage des kilims, en valorisant leur histoire, leur art et leur impact culturel. Je crois profondément que comprendre et apprécier le vrai kilim, dans toute sa splendeur, est essentiel pour lui rendre justice.

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